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L'avenir n'est plus ce qu'il était

Depuis quelques temps je témoigne ici de la transformation d'un mode de pensée. La perspective lointaine que j'avais de l'existence a été changée et tout le reste a suivi. Reprenant les mots de Paul Valéry, je pourrais dire qu'à mes yeux, désormais, « l'avenir n'est plus ce qu'il était ». Je suis passé de « l'avenir lointain paraît inquiétant » [je ne me sentais que moyennement concerné] à « l'avenir imminent pourrait bien être très inquiétant » [et là je me vois hautement concerné]. Il n'est plus question des fameuses "générations futures" mais bien de celles du présent. Le raccourcissement d'échéance conduit à un changement de perception. Rien de fondamentalement nouveau, seulement la sensation d'être beaucoup plus près de ce qui était confusément redouté.


En même temps je prends conscience, au fil de mes lectures, que beaucoup plus de gens que je ne l'imaginais sont déjà dans cette transformation des esprits. Pour des milliers (des millions ?) de personnes la transition est engagée, ne serait-ce qu'à minima. La perspective est donc un peu moins vertigineusement angoissante. Mais cette perception est à prendre avec précaution : ce n'est pas parce que le nombre de "conscients" augmente que le danger diminue. Et puis c'est quoi "être conscient" ? Quel est le niveau de conscience et en quoi correspond-il à la réalité du danger ? À qui se fier ? À ceux qui pensent que la transition sera possible sans trop de difficultés, du moment que chacun y met de la bonne volonté, ou à ceux qui affirment que, quels que soient les efforts consentis, il y a aura des pleurs et des grincements de dents ? Non que tout serait perdu, mais parce que ce qui est issu du confortable monde technologique et énergivore dans lequel nous vivons est condamné à disparaître. À très court terme. C'est à dire quasiment maintenant.

Rester optimiste et positif, dans ces conditions, m'a d'abord paru être hors de portée. Certains y parviennent pourtant, comme le désormais charismatique promoteur de la Transition, Rob Hopkins. Il en va de même pour la mouvance Colibris et les innombrables mouvements et initiatives (Transitionneurs, Alternatiba...) qui éclosent et essaiment un peu partout. Je les connais assez mal et, je l'avoue, ai quelques réticences face à certains aspects un peu farfelus. D'un côté j'admire ces mouvements porteurs d'espoirs (ils sont l'avenir), de l'autre je me demande si chacun de ceux qui s'en réclament ont pris la mesure de l'effort à consentir et, surtout, de la chaine de changements à mettre en place pour aller vers le monde d'après. La dimension colossale du défi, tel que je le perçois, tel que je le découvre avec effroi, me met plutôt face à la sidération : par quoi commencer ?


Lorsque je réfléchis à ce que je devrais mettre en place pour aller vers un avenir relativement serein, l'ampleur des changements à mettre en oeuvre pèse lourd sur mes épaules fatiguées. Par exemple je sais que, seul, je ne pourrai pas subvenir à un de mes besoins les plus élémentaires : m'alimenter. Je suis donc très dépendant du système actuel s'il devait s'effondrer soudainement. Je me sens vulnérable. Renforcer ma capacité à tenir le choc (résilience), qui consisterait à acquérir une relative autonomie, me porte vers des solutions encore difficiles à imaginer. Il y a belle lurette que mes ancêtres paysans sont morts et leur savoir s'est perdu depuis plusieurs générations. Certes je sais faire pousser quelques légumes, mais de là à en vivre toute l'année... j'en suis très loin.


Autosuffisance énergétique ?


Je vis à la campagne, à l'écart d'un village. C'est une chance : je dispose de surface cultivable et de bois de chauffage en quantité suffisante. Mais c'est aussi un inconvénient : je suis isolé. Or l'avenir réside dans la solidarité, l'entraide, l'association, les regroupements. L'individualisme est mal barré. Je vois bien que vivre seul dans une maison faite pour cinq est un "luxe" intenable dans une logique de sobriété. J'envisage donc la cohabitation. Accueillir qui y serait prêt, le moment venu, permettrait de... de faire quoi, en fait ? Eh bien de s'entraider ! Ce qui me semble certain c'est que d'autres bras que les miens pourraient être les bienvenus pour subvenir à des besoins élémentaires communs.


Autre question : faudrait-il dès à présent viser l'autonomie énergétique, en allant vers une autoproduction électrique, par exemple ? Panneaux photovoltaïques, batteries de stockage, petite éolienne... Sauf que je sais aussi que ces technologies, absolument pas neutres en carbone, contribuent à l'épuisement des ressources planétaires et au réchauffement climatique ! Idem pour la voiture électrique, fausse solution à la raréfaction du pétrole. Me faudra-t-il opter un jour pour le seul vélo ? Et pourquoi pas le cheval ? Il me faudra alors faire les foins et engranger le précieux fourrage pour son alimentation hivernale...

Voilà le genre de pensées en cascade qui me viennent à l'esprit quand j'imagine l'avenir. Se préparer à la vie sans pétrole est un fabuleux exercice d'anticipation. Total délire ? Allez savoir...



Un autre chemin à découvrir...

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