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On ne reviendra pas en arrière...

Depuis quelques mois je participe, souvent en témoin silencieux, à nombre de discussions autour de l'évolution de nos modes de vie. La question écologique, même chez les plus rétifs, ne peut plus être contournée. Elle a enfin pris place dans le débat politique, à tous les niveaux : citoyens, élus, médias. Je crois que chacun "sent", plus ou moins confusément, que nous n'allons pas pouvoir continuer sur le modèle qui a prévalu jusque-là. Même si pour le moment l'idée du renoncement au "progrès continu" n'est pas encore vraiment conscientisée. La plupart des gens n'imaginent pas l'ampleur de ce qui s'annonce...

Lors de débats publics sur ces thèmes (qui tendent à se multiplier), quand il est question du devenir de ce mode de vie insoutenable, arrive tôt ou tard la formule « de toutes façons, on ne reviendra pas en arrière ». Vraiment ? Certes, littéralement, on ne le fera pas. On ne va pas abandonner tout ce qui a pu constituer un progrès.


Cependant... tout porte à croire que ce mantra est erroné. Comment peut-on imaginer que nous allons en rester au niveau de consommation qu'a adopté notre société de croissance ? Qui imagine sérieusement que nous pourrions garder ce niveau de vie indécent à l'égard du reste du monde ? Les données sont claires et incontournables : nous devons réduire drastiquement notre dilapidation énergétique. Et cette réduction s'accompagnera, par nécessité physique, d'une baisse considérable de nos capacités à transformer notre environnement. Dès lors... il est difficile de croire que nos modes de vie n'en seront pas affectés. Quelle que soit la façon dont on appellera ce processus de régression, il y aura bel et bien « retour en arrière ». On entend bien la crainte : retour au moyen-âge, retour à la bougie, et pourquoi pas à la préhistoire tant qu'on y est. L'exagération-repoussoir servant ici à éviter de se confronter à l'impensable.


Il est aisé de le constater par soi-même : renoncer à un élément de confort que l'on a adopté est chose difficile. Très difficile. Chacun a pu en faire l'expérience, pour peu qu'il ait dépassé la trentaine : il n'y a pas si longtemps nous vivions sans téléphone portables, sans ordinateurs, sans internet. Et il y a moins d'un siècle, sans voitures, ni camions ni tracteurs, ni avions. Mais nous avons eu accès à ces technologies, au départ perçues comme superflues... puis finalement adoptées jusqu'à ne plus pouvoir s'en passer ! Il faudrait en tirer une leçon, puisqu'il nous est difficile de revenir en arrière : ne plus adopter de nouvelles technologies. Elle nous rendraient dépendants. Si l'on ne veut pas revenir en arrière... alors il faut accepter de ne pas aller en avant. Refuser dès aujourd'hui tout "progrès" susceptible de se transformer en aliénation. En quelque sorte il faudrait faire acte de résistance...


Dans un monde aux ressources naturelles en voie de raréfaction, coûteuses en termes de biodiversité et de vies humaines, il aurait fallu ne pas s'aliéner [trop tard !]. Maintenant que nous le sommes, la plupart d'entre nous refusent de perdre ces "acquis"... intenables à long terme. Le réel ne correspond pas aux idéaux et c'est révoltant ! En filigrane se dessine l'injustice : beaucoup n'auront jamais ce qu'ils espéraient. Il va falloir changer de rêves... de gré ou de force.


Écorces

Jeux de lumière dans les écorces



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