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Du savoir, passer à l'action

Il est difficile, pour le vulgum pecus, de prendre la mesure des ordres de grandeur concernant l'énergie. Notamment celle que chacun de nous utilise pour satisfaire son mode de vie d'occidental, qu'il soit aisé ou peu fortuné. Habitués que nous sommes à brûler le concentré d'énergie quasi gratuite que dispense le pétrole, nous avons perdu tout contact avec l'échelle des valeurs physiques.


Jean-Marc Jancovici, qui jongle avec les mathématiques et la physique comme d'autres le font avec des balles, estime que nous utilisons, en moyenne, 400 "esclaves énergétiques" pour répondre à nos besoins. C'est à dire que chacun de nous dispose de l'équivalent de la force de travail de 400 personnes à son service. La base du calcul, que l'on peut trouver ici, étant qu'un litre de pétrole dispense autant d'énergie calorifique (10 kWh) que deux journées de travail humain. Et cela pour un prix défiant toute concurrence salariée ! S'il fallait payer en salaire ce que représente notre consommation individuelle de pétrole, bien peu auraient les moyens de se payer quotidiennement 400 travailleurs !


Un petit exemple parlant est proposé par cette vidéo, donnant une idée de l'énergie humaine nécessaire pour griller une simple tranche de pain :

La débauche énergétique que nous utilisons à profusion, sans même y penser, n'est pas sans conséquence : bien qu'elle coûte infiniment moins cher que ce que nos seuls bras et jambes peuvent fournir, elle a un coût social et environnemental que nous mesurons... tout aussi mal. Parce que nous n'en percevons quasiment rien, cela ne nous frappe pas. J'ai beau savoir que les conséquences sont délétères pour l'ensemble du vivant, il reste difficile de me représenter concrètement, aussi bien rationnellement qu'émotionnellement, l'impact de mes actions cumulées.


C'est pourquoi je suis avide de tout ce qui peut m'aider dans cette prise de conscience. Sachant que ma conscience ne suffit pas, il faut que je m'appuie sur tout ce qui peut me pousser à passer du savoir à l'action. C'est ce à quoi je m'emploie en surfant de lien en lien, de site en site, entre climat, énergie, décroissance et transition. En découvrant le calculateur mis au point par l'association Avenir climatique, par exemple, j'ai pu me livrer à une estimation de ma propre consommation énergétique et de ce que, en conséquence, celle-ci libère comme CO2 dans l'atmosphère. Après avoir entré les données, voici le résultat :


Certes, avec 1882 kg équivalent carbone, il apparaît que je me situe en dessous de la moyenne française. La relative sobriété de mon mode de vie a des résultats positifs... bien qu'avec un voyage transatlantique tous les deux ans je me pénalise fortement. Si à l'avenir je choisis de renoncer à ce genre de voyage, j'améliorerai notablement ma performance comme on peut le voir :

Il n'empêche que je serai encore très largement au dessus des objectifs à atteindre pour rester dans le soutenable. Approximativement il me faudrait donc diviser par trois ma consommation énergétique actuelle ! Or si j'analyse les données que me propose le calculateur il apparait clairement que c'est principalement sur le transport que doivent se porter mes efforts.

NB : la part "services publics" est le ratio incompressible qui revient à tout français



Même sans prendre l'avion, 42 % de mes émissions annuelles sont dues aux transports (une part qui monte à 53 % si j'ajoute, en moyenne, un voyage transatlantique tous les deux ans). Et encore, je suis parti sur une base de trajets en voiture de 8000 km/an, ce qui est relativement peu.


Or il se trouve que le vénérable véhicule que j'utilise pour me mouvoir librement, et avec la vélocité requise, donne des signes d'épuisement. Après 24 ans de bons et loyaux services, plus de 330.000 km parcourus, le moteur (certainement passablement polluant...) de ma brave 405 d'occasion pourrait bien rendre l'âme prochainement. Dès lors la question du remplacement de mon carrosse personnel s'est posée.

J'ai d'abord pensé à me tourner vers un véhicule électrique, donc la production de CO2 est quasi nulle en circulation grâce à l'électricité d'origine largement nucléaire en France. Par contre ces véhicules, avantageusement silencieux mais à l'autonomie limitée, sont encore très chers ! Et surtout, j'ai rapidement eu la confirmation que leur fabrication les rendait nettement moins "écologiques" que ce que j'imaginais. Notamment à cause des batteries.

Je me suis donc orienté vers les véhicules à moteur hybride. Pas moins chers mais, sans être soumis à la contrainte de l'autonomie, ils autoproduisent de l'électricité qui permet de réduire la consommation. Par contre, malgré cette consommation réduite, il y a bien émission de CO2. Et je ne suis pas sûr que la fabrication soit plus écologique...


Bon... honnêtement, si je veux vraiment être cohérent, je ne peux éviter d'aborder la dernière option : ne pas remplacer ma voiture à l'agonie. Parce qu'il n'y a pas de mystère : la meilleure solution pour ne pas produire de CO2 et réduire son empreinte écologique c'est encore de ne pas rouler ! C'est renoncer à la (coûteuse) liberté du déplacement « quand je veux et où je veux ». C'est donc opter pour les transports en commun et/ou le vélo (oui le cheval aussi, mais il est peu pratique en ville...).


J'y pense.


En même temps m'apparaissent immédiatement les contraintes et l'organisation nécessaires, notamment pour les trajets non desservis par des transports en commun, ou en dehors de leurs rares passages dans le secteur rural où je vis. Comment faire pour aller voir ceux de mes amis et enfants qui vivent eux aussi en zone rurale ? Comment faire pour m'approvisionner en alimentation ? C'est faisable, mais pas sans réorganiser largement mon rapport au temps.


Il est évident que je ne suis pas prêt à me passer totalement de voiture dès maintenant. Pas prêt non plus à consacrer un temps non négligeable à mes déplacements. Sans compter l'inconfort de la période hivernale, froide et humide, quand matins et soirs sont plongés dans la nuit...


Et pourtant, sans renoncer à la voiture, je pourrais déjà changer mes confortables habitudes en y ajoutant une saine diversité : marche à pieds, vélo, bus...


Précisions :

  • )Mon lieu de travail (salarié) se trouve à 20 km de mon domicile (avec 350 m de dénivelée, dur pour le vélo

  • Le terminus de bus le plus proche est à 1 km (3 passages par jour, faut pas le rater)

  • Le magasin bio est sur le trajet de mon travail, à 18 km, mais sans arrêt de bus

  • Le commerce alimentaire le plus proche se trouve à 4 km (200 m de dénivelée pour remonter, vélo chargé)




Vivre à la campagne...



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