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Idées préconçues

J'apprends par la presse qu'un ex-président de la république, notoirement opportuniste et actuellement en campagne d'auto-promotion, aurait récemment proféré quelques âneries dissimulées sous le signe apparent d'une logique du "bon sens". Je cite : « On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant, mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement » [source : Le Monde]

La manoeuvre est grossièrement subtile, jouant sur des approximations de langage, faisant fi des échelles de temps. On se doute, connaissant un peu le gaillard, qu'elle est intentionnelle. Certes le climat a varié bien avant l'apparition de l'homme, il serait difficile d'en disconvenir. L'humain n'est donc pas, littéralement, le seul responsable du changement actuel. Ah ben oui, c'est sûr, les variations naturelles ont aussi leur rôle ! Mais implicitement, et très sommairement, on pourra en déduire le message suivant : c'est pas d'no't faute si le climat change [sous entendu : ne changeons rien].


D'ailleurs, le candidat l'annonce : « il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat ». Ben tiens ! Et laisser penser que l'homme n'y est pour rien, contre l'avis des scientifiques du GIEC, c'est pas de l'arrogance ? Ainsi, d'aprés l'ex-président - dont l'expertise scientifique ne fait aucun doute - l'origine anthropique du changement climatique actuel ne serait qu'une "pensée"... Ah oui, très fort ! C'est d'une humilité écrasante !

Peu importe : l'effet recherché est de semer le trouble dans les esprits, voire de raviver le doute, toujours prompt à se manifester. Surtout ne changeons rien !


À ce propos un éloquent schéma met en évidence à quel point température moyenne et développement de humanité sont corrélés... jusqu'aux hausses record que nous constatons actuellement à l'échelle du globe, mois après mois.


Mais le roublard candidat sait très bien ce qu'il fait : caresser l'électeur dans le sens du poil à coup de discours simplistes. Et pour enfoncer le clou il trouve le responsable de nos maux : « Il faut lutter contre le changement climatique, mais la première cause de dégradation de l'environnement (...) c'est le nombre d'habitants dans (sic) la planète. Si on ne pose pas la question de la natalité sur le continent africain (...) en asie ou (...) dans un certain nombre de pays, on ne pourra pas protéger les équilibres écologiques de la planète » [source : Le Monde (6eme vidéo)]


Se poser la question, ça sous-entend quoi ? Que le problème se situe là : une natalité pléthorique, de laquelle découlerait une démographie exponentielle. C'est donc de leur faute à eux si notre environnement se dégrade ! « Salauds de pauvres », comme disait l'autre.



« Le problème ce n'est pas l'ignorance, mais les idées préconcues » (Hans Rosling)


Hum... je reconnais humblement que j'avais moi aussi tendance à penser que l'augmentation continue de la population était un problème majeur, selon une "logique" basée sur... mon ignorance des faits. J'étais donc presque d'accord avec une partie des "arguments" du candidat aborrhé [ce qui m'a d'abord navré, je vous l'avoue]. Ben oui, c'est évident, nous sommes trop nombreux sur la planète. Sauf qu'en trois clics, judicieusement aiguillé par un fil de discussions, je tombais sur une conférence absolument pas-sion-nante de Hans Rosling, statisticien danois qui démontre avec une clarté implacable combien le mythe d'une croissance insensée de la population mondiale ne tient pas face à la réalité des chiffres. On y apprend notamment que ce n'est pas la richesse qui entraîne le développement social, mais l'inverse !


Don't panic !


Comme c'est en anglais (mais aisément compréhensible avec le sous-titrage), je vous propose une autre conférence du même Hans Rosling, sous-titrée en français : Comment ne pas être ignorant sur le monde ? Vous y apprendrez que « vous avez une chance statistique élevée d'avoir tout à fait tort sur ​​ce que vous pensez savoir ». Surtout si vous vous fiez aux médias...

Avec, pour y remédier, une excellente recette pour voir le monde autrement que le sempiternel « c'est de pire en pire ! ». Car là encore vous pourriez bien faire erreur.

  • En bonus, une présentation de Gapminder, fantastique outil de croisement de données accessibles à tous


Mes remerciements à Mr N. S. de m'avoir, bien involontairement, conduit à ces intéressantes découvertes.



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